Dans mon enfance par le village j'appris que le feu n'était pas un mot mais vérité comme l'abreuvoir au sein du jour brûlait le feu dans l'antre noir de la forge un feu frappé sur l'enclume les chevaux de labour attendaient graves parmi les étincelles que fût prêt le fer des sabots l'odeur de la corne brûlée est inoubliable à mes narines égale à l'encens des dimanches
quand s'endormait ce feu la braise à l'image du crépuscule alors s'allumait l'autre que l'on voyait par le soupirail un homme torse nu mettait au four des corps de pâte crue
alors je tremblais Le feu je l'entendais le jour dans le passage des chevaux sur les chemins de pierre celui de la nuit devenait pain nous y écrasions le fromage du goûter après l'école
Alors venait la certitude
l'un et l'autre s'éteindraient-ils au hameau il y aurait pour les rallumer la courte flamme sur l'autel au pied d'une croix porteuse d'homme nous étions le cheval le pain le feu la flamme
et nous oubliions la visite au cimetière avec les parents en deuil les fleurs décomposées les lichens noirs sur les dalles
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