Les écrivains de l'Atelier Imaginaire

Photo de Jean  PORTANTE Jean PORTANTE

Qualité : Ecrivain partenaire
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Jean Portante est né à Differdange (Luxembourg), de parents italiens. Il vit à Paris. Son œuvre, riche d’une quarantaine de livres – poésie, romans, essais, pièces de théâtre – est largement traduite. En France, il est membre de l’Académie Mallarmé. En 2003, il a reçu le Grand prix d’automne de la Société des gens de lettres, pour l’ensemble de son œuvre ainsi que le Prix Mallarmé pour son livre L'étrange langue. Dix ans plus tôt, son romanMrs Haroy ou la mémoire de la baleinelui avait valu le Prix Servais au Luxembourg. En 2011, il a été couronné du Prix national au Luxembourg pour l'ensemble de son œuvre. Bien d’autres prix littéraires lui ont été attribués, et parmi eux le Prix Alain Bosquet pour sa traduction de L’amant mondial de Juan Gelmanen 2013 ainsi que le prix européen Pétrarque en 2014.

Ses livres sont publiés essentiellement chez PHI (Luxembourg) et au Castor Astral (France) mais également en Belgique, en Suisse, au Québec ainsi que dans une dizaine d’autres pays. En février 2014 a paru au Luxembourg un livre réunissant l’essentiel de son œuvre poétique écrite entre 1983 et 2013 : Le travail de la baleine.

Depuis plus de trente ans, il exerce une activité de traducteur littéraire. Au Luxembourg il est le directeur littéraire de la revue Transkritdédiée essentiellement à la traduction et collabore à l’hebdomadaire Le Jeudi. En France, il est membre de plusieurs jurys littéraires dont le Prix Apollinaire, dirige aux Editions Caractères la collection Cahiers latins et anime avec Jacques Darras la revue Inuits dans la jungle.

Pour en savoir davantage:http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Portante

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

(Publications récentes)

Romans

Mrs Haroy ou la mémoire de la baleine, Ed. PHI, Luxembourg, 1997

réédité sous le titreLa mémoire de la baleine(préfacé par Ismail Kadaré),
Le Castor Astral, 1999

et sorti en livre de poche aux éditions PHI en 2008.

Mourir partout sauf à Differdange. Ed. PHI, Luxembourg

 

Poésie

La cendre des mots.Anthologie personnelle. Ed Le Castor Astral

Le travail du poumon, Ed. Le Castor Astral

Je veux dire, poème, Ed. Estuaires, Luxembourg

En réalité, poèmes, Ed. PHI

La réinvention de l'oubli, Ed. Le Castor Astral

Conceptions, Ed. PHI
Après le tremblement, Ed. Le Castor Astral 2013

Richter, Ed. Caractères, janvier 2014

Le travail de la baleine, Poèmes 1983-2013, Ed. PHI, Luxembourg, juin 2014

 

Théâtre

Hexaméron.Dernier jour suivi de Orphée au pays des mortels. Ed. PHI, 2011

 

Essai, Anthologie

Journal croisé d'un tremblement. Ed. Convivium, Luxembourg 2010.

Florange sans fin, Ed. Créaphis, 2013

 

Livres d'artistes

Les amants/le souffle, avec Génia Golendorf. Ed. TransSignum, 2006

Le partage des (p)eaux, avec Wanda Miluheac. Ed. TransSignum, 2008

Ce qui advient et ce qui n'advient pas, avec Robert Brandy, Redfox Press, Irlande

 

Traductions

Une étrange odeur de monde, de Victor Rodriguez Nuñez, L'Oreille du Loup, 2011

L'Amant mondial, de Juan Gelman, Ed. Caractères, 2012

La solitude de l'abeille, de Tzveta Sofronieva, Ed. L'Oreille du Loup, 2013

Pologne / 1931, de Jerome Rothenberg, Ed. Caractères, 2013

Traductions / Les autres, de Juan Gelman, Ed. Caractères, 2014

 

Discographie

CD La Strana lingua. Roberto Carosone canta Jean Portante.


 

«Voici une poésie sans complaisance aucune à l’égard des rêveries faciles. Elle propose un va-et-vient continuel de l’image à la réflexion et de la réflexion à l’image, poésie de mouvement qui s’égaie entre deux bords opposés et qui tonifie joyeusement l’esprit. On la traverse comme on s’imagine traverser le paysage d’une planète insolite: on y est en voyage de découvertes, choisissant ici et là les pierres les plus rares, y recueillant un souffle, les fantômes d’une vie ancienne, énigmatique, des objets baroques dont la fonction nous échappe délicieusement. Si nous n’avons jamais avec les objets verbaux qu’elle nous propose que des relations d’incertitude c’est que le monde autour de nous est désancré, nous voilà en partance vers les rives de l’étrange, une géographie inattendue se construit sous nos yeux.» Lionel Ray



«En vérité il n’est pas de poésie durable sans un noyau d’énigme qui l’ensemence et l’irradie. C’est probablement une avancée de l’invisible, une frange de l’indicible. L’émanation de ce noyau, plus ou moins contrôlable, éclaire et opacifie tour à tour l’écriture. Elle lui injecte cette force d’attraction qui est peut-être l’équivalent, dans le langage, de celle que détermina Newton dans l’espace planétaire. Le langage se retourne comme un gant, montre ses dessous, ses desseins. Jean Portante est de ceux qui lui font sciemment dépasser la mesure, et se révéler par transfert d’un état à l’autre, comme un liquide devient gaz ou glace. On l’avait vu procéder à ce dépassement – à cette chimie– dans son livre l’Étrange langue (qui lui valut le prix Mallarmé) Il récidive, armé de plus d’audace encore avec Le travail du poumon, un ensemble qui surprend au plus haut point, voire sidère et nous tient sous le choc.» Charles Dobzynski


«…– l’ombre dis-je s’éloigne de plus en plus de l’idée que je me fais d’une ombre… Cette phrase incise est caractéristique de la poésie de Jean Portante. Il prend des notions, des éléments, des entités bien connus et les modifie, les décale, les colore et les fait glisser. Parfois même, ce déplacement de sens aboutit à un jeu de chaises musicales où les mots acquièrent une autre saveur, un nouveau contenu et une fraîcheur inédite. Là où le mystère est un fil et le corps une femme et la maison une naissance. On se trouve dans la pure métaphore où il n’est nul besoin de deviner un point de ressemblance, un pont d’identité pour que ça fonctionne, il suffit de s’en remettre à l’écriture magique de l’auteur qui réinvente un lexique sorcier. Le lecteur se laisse rapidement prendre à cette réécriture du monde où l’univers entier est renommé et partant renouvelé, de soleil à la terre, du cimetière au jardin, de la feuille à la nuit.» Jacques Morin, Poezibao, à propos de Après le tremblement

 



«Le roman Mrs Haroy ou la mémoire de la baleine (1993, 1999) constitue à ce jour le pivot de l’œuvre de Jean Portante. (…) Le succès toujours inégalé qu’a rencontré le roman a largement participé à «cataloguer» Jean Portante parmi les écrivains de la migration, reléguant parfois en arrière-plan les questions davantage d’ordre poétique que l’œuvre soulève pourtant de pair avec la thématique identitaire. D’autant plus que dans La Mémoire de la baleine s’énonce la métaphore centrale de la démarche de Portante. La baleine, mi-mammifère mi-poisson, est condamnée, par son identité double, à un exil perpétuel, tanguant entre la terre originelle et la terre d’accueil, et auquel Jean Portante associeson écriture.» Tonia Raus, in Territoires de l’entre-deux: inscription de l’autre dans l’écriture personnelle de Jean Portante.




LE TRAVAIL DU POUMON


«Au centre de ma poésie, il y a le poumon. Je veux dire, le travail du poumon. C’est le titre d’un de mes livres. C’est le nœud de toute mon écriture. Il est baleinier, mon poumon. Souvenons-nous. Il y a bien longtemps, celle qui allait devenir une baleine, vivait sur la terre ferme. Sous forme de quadrupède démesuré, sans doute semblable à un énorme chien. Qu’est-ce qui a poussé ce quadrupède – un mammifère – à retourner vivre dans l’eau originelle, je l’ignore. Il l’a fait. Et tout comme il avait mis des millions d’années à muer en quadrupède, d’autres millions d’années ont été nécessaires pour qu’il puisse redevenir aquatique. Que de métamorphoses! Voilà ses pattes qui deviennent des nageoires, voilà sa forme qui s’allonge pour imiter celle des poissons. Mais voilà aussi qu’il ne transforme pas – est-ce par oubli, par étourderie, par manque de temps? – ce par quoi il aurait dû commencer sa métamorphose: le poumon.

Elle a gardé le poumon, la baleine. Et ça ne lui permet pas de vivre dans l’eau. Le poumon fait d’elle un être qui n’est déjà plus terrestre mais n’est pas encore maritime. Un «ni ni». Nageant entre deux pôles. Elle devient par là, pour moi, le prototype du migrant. Le migrant qui tente de s’adapter à la terre nouvelle, mais n’est pas prêt à tout sacrifier du lieu de départ. Elle garde en elle la mémoire de l’origine. J’en ai fait un roman: Mrs Haroy ou la mémoire de la baleine. C’est mon histoire de migrant italien. En moi « poumonne » l’origine.

Une origine qui «poumonne» surtout dans ma langue. Ma langue d’écriture. Le français. Une langue baleine. J’écris en français, oui. Mais c’est du français baleine. Une langue qui s’est adaptée à la nouvelle donne, mais dans laquelle «poumonne» la langue de l’origine. L’italien. Une langue qui travaille par «effaçonnements». J’ai dû inventer ce mot pour la dire. Il est devenu le titre d’un de mes livres (Effaçonner). C’est ce que fait la baleine. Elle efface et façonne en même temps. Elle efface ses pattes et façonne ses nageoires. Mon «effaçonnement» est langagier. J’écris en français, mais puisque dans ce français-là «poumonne» l’italien, il «s’effaçonne» sans cesse.

«Effaçonnement», mode d’emploi: il y a beaucoup de pelles dans mes livres. C’est un outil, disons, historiquement familial. Mes grands-parents, paysans en Italie, puis mineurs dans les galeries luxembourgeoises, ont manié beaucoup de pelles dans leur vie. Mon père aussi. Mais regardez bien le mot. Regardez-le en italien. Pelle. C’est la peau. Quand j’écris «pelle» je pense à la peau. Ainsi travaille le poumon. Ainsi s’accomplit l’effaçonnement. Et «pelle» soudain me permet de raconter en un seul mot un pan de la vie avant ma naissance. Un grand-père, le père de mon père, mort dans une mine en 1932. Pelle en main. Laissant sa peau, en maniant la pelle.» Jean PORTANTE

 



   

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